"Un être humain sur le point de mourir, prétend-on, revoit la totalité de son existence défiler devant lui, en l'espace d'un éclair. Puis des silhouettes lumineuses l'entourent et le mènent vers un ailleurs éthéré et pur, parfois ces fameuses silhouettes sont des êtres chers du défunt, décédés avant lui et venus l'accompagner pour son long voyage. Ce sont là des croyances — d'aucuns disent des faits — extrêmement répandues parmi les globes multiples de l'Hypersphère, dont l'ancienneté et la diversité des versions n'est plus à prouver. Certains y croient dur comme fer, et d'autres prétendent être de retour d'un tel voyage, du moins de son commencement, on ne sait par quel miracle. Ces gens-là ne reviennent jamais inchangés d'un si fabuleux parcours, ils deviennent dès lors très désireux de s'instruire en toute chose, et persuadés que sans amour pour le prochain, il ne peut y avoir d'existence authentique et véritable. Ces êtres semblent transformés et n'hésitent pas à faire des confidences troublantes à ceux de leurs proches méritant leur confiance.
Cependant ces décès transitoires, s'il peut être employé une expression aussi hardie, n'ont jamais eu pour point de départ, cela est avéré également, une tentative délibérée de mettre fin à ses jours. Timoléon Balségobius, pour son plus grand malheur, emprunta ce chemin-là, ô combien honni dans toutes les traditions de l'humanité . Et peut-être en raison de cela, nul ange de bonté ne vint le rejoindre parmi le puits d'onyx où il se trouvait, ni aucun de ceux ayant bercé l'aurore de ses jours. En un abîme stygien et ténébreux, il resta immobile, flottant, des lambeaux de souvenirs traversant fugitivement son esprit.."